Musarderie #DigitalTC — L’IA, l’homme, la créativité
Courte réflexion sur l’IA, l’homme et la créativité, faisant suite à la Digital Tech Conférence 2016.
La création et l’IA
Lors de cette journée de conférences, deux speakers sont à retenir sur__ la place de l’intelligence artificielle dans la création artistique__ : John Smith, Directeur Multimédia et Vision à IBM Research, et François Pachet, Chercheur au Sony Computer Science Laboratory de Paris.
Le premier est venu présenter comment Watson, une intelligence artificielle, est aujourd’hui à même de créer le trailer d’un film, en se basant sur une immense base de données de trailers déjà réalisés par l’humain. En extrayant les éléments clés d’anciennes bande-annonces de films, l__‘IA est aujourd’hui à même de réaliser, en quelques heures, un trailer__ qui passerait, à s’y méprendre, pour la création d’un humain.
Le second, touchant quant à lui à la musique, a beaucoup fait parlé de lui ces dernières semaines avec le titre “Daddy’s Car”, un morceau composé par une intelligence artificielle à la manière des Beatles (j’ai d’ailleurs eu la chance de remporter un vinyl de ce morceau… yeay!). Comment ça marche ? En s’appuyant sur une vaste base de données de morceaux, la machine est à même de composer un morceau “à la manière de”, en s’inspirant des sonorités d’un groupe, ou encore des spécificités d’un style.
L’IA, la création, l’humain
Le point commun entre ces deux créations ? Elles dépendent, toutes les deux, d’une base de données… créées par l’homme. L’intelligence artificielle repose encore sur des processus de machine (et deep) learning, où un robot est à même de prédire ou de créer à partir de — i.e. la création ne se fait jamais ex nihilo, indépendamment de données d’entrée. Autrement dit, tout du moins à l’heure actuelle, la création par la machine reste fonction de la création humaine : ce n’est en qu’en digérant de larges quantité de données créées par l’homme que la machine est capable de créer.
De plus, l’intelligence artificielle n’est capable de créer que de façon binaire : créer un morceau qui est ou qui n’est pas du reggea, qui est ou qui n’est pas du rock, et ainsi de suite — jamais quelque chose de fondamentalement nouveau, à l’instar d’un artiste humain. Hors, peut-on vraiment parler d’intelligence, de créativité, quand l’action de la machine consiste à puiser dans une base de données, trier en fonction des besoins, mâcher, et recracher un contenu “nouveau” ?
Donc, pour l’heure, pas de révolution créative de la machine, seulement de la réinterprétation automatisée de ce qui a déjà été produit… car oui, si l’on éludait l’homme de la musique de demain, pas de nouvelle révolution rock, pas de naissance du prochain hip-hop, etc. Si l’on éludait l’homme de l’art de demain, adieu futurs courants cubistes et autres littératures surréalistes. Et ainsi de suite…
En conclusion, cela ne fait pas de doute, l’homme a encore de belles heures devant lui. Car__ comme l’écrivait Antonin Artaud__ : “c’est le corps d’un écrivain qui tousse, crache, se mouche, éternue, renifle et souffle quand il écrit…” Et ça, la machine ne pourra jamais nous le reprendre.
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